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Indonésie : récit d’une étape balinaise

Contexte

Selamat siang,

Trois jours après mon arrivée sur Bali, j’ai rejoint la région d’Amed , une succession de petits villages s’étalant le long de la côte Est de Bali, dans une ambiance mêlant agriculture traditionnelle et développement touristique principalement lié à la richesse des fonds marins à explorer en plongée. Coincé entre le Mont Agung – un volcan culminant à 3142m (montagne sacrée pour les Balinais) – et la mer de Bali, cette région encore considérée il y a une vingtaine d’années comme très pauvre et au climat hostile, est aujourd’hui en pleine expansion.

J’avais prévu d’y passer deux jours maximum, j’en suis parti au bout de cinq. Quiétude, beauté des paysages, des récifs coralliens plutôt préservés, ce coin est vraiment un havre de paix loin de la cohue d’autres parties de l’île. Le long de la plage sont alignés les prahus (ou jukung en balinais), des bateaux de pêches multicolores. La chaleur aidant, il est difficile de résister à la mer turquoise qui vient lécher la côte. Au choix, avec le tuba pour s’émerveiller de la multitude de coraux et poissons peuplant cette immense aquarium naturel, ou en bouteille pour partir explorer les fonds marins incroyables et la fameuse épave de l’USS Liberty dont l’histoire l’a mené à s’échouer sur la plage après avoir été torpillé, puis à être repoussé par une coulée de lave vers les fonds marins suite à l’éruption du Mont Agung en 1963.

Le mont Agung
La visite de deux écoles

Le 2 décembre 2016, je me suis rendu à l’école primaire « Purwakerthi » avec l’aide de Yoman (c’est le frère d’un membre du staff du centre de plongée où j’ai séjourné). Sa présence fût bien appréciable : il n’est pas simple de communiquer en anglais sur Bali, et il m’est encore plus difficile de parler balinais… bonjour, merci, au revoir, sans sucre, voilà je crois avoir fait le tour de mon répertoire ! Le rendez-vous était fixé à 10h, pendant la récréation. L’école élémentaire accueille une centaine d’enfants de la maternelle au primaire.

Une fois dans la cour, deux réactions me font face : les plus petits, très curieux, viennent directement me voir et m’adressent des « hello » tout sourire alors que les plus grands m’observent de loin, intrigués ou complètement indifférents à ma présence… en même temps, comment leur en vouloir, c’est l’heure de la récréation et ce temps est bien trop précieux !

Je fais connaissance de deux instituteurs, une institutrice et du directeur. Nous arrivons patiemment à discuter, et ils sont emballés par le projet… le seul souci étant qu’ils ne voient pas trop quoi me donner en échange des ballons. Les adultes se consultent, je ne comprends rien du tout, quand soudain, une femme part en courant dans une salle de classe et revient avec une balle de tennis. Très bien ! même si ça ne laisse pas beaucoup de place pour m’écrire un message. Les adultes étudient avec intérêt la pompe et les aiguilles que j’ai ramené pour gonfler les ballons. Je profite de leur attention pour me renseigner sur le rythme scolaire, la place des jeux de ballons et le sport en général sur Bali, … on me demande aussi de laisser un mot dans le livre d’or de l’école. Puis je m’adresse à Yoman, tentant de lui faire comprendre que j’apprécie beaucoup l’accueil mais que le matériel que je ramène est à destination des enfants. Il passe le message et le directeur demande aux enfants qui se sont regroupés autour de nous de venir prendre une photo. Certains sont timides au début, mais viennent progressivement se joindre aux autres pour prendre la pause. Il y a beaucoup de joie et de sourires sur ces photos. Enfin, le directeur convoque l’ensemble des enfants pour une photo générale, pendant laquelle l’ambiance est plutôt décontractée, même de la part des adultes.

La récréation va prendre fin plus tard que d’habitude. Il est donc temps pour moi de faire un au revoir général, de serrer quelques mains et de lancer quelques sourires à ceux qui ont désormais du mal à se détacher de moi. C’était une étape d’à peine plus d’une heure, mais elle m’a permis de ressentir la bienveillance, la joie et l’accueil chaleureux que j’ai souvent croisé lors de mon périple balinais.

L’école à Amed où les ballons ont été remis

Après des moments mémorables passés à Amed, je suis redescendu vers la partie sud de Bali, afin de me rendre par bateau sur l’île de Nusa Lembongan. Encore une fois, j’avais prévu d’y rester deux jours, ce fût six finalement ! Il faut dire que c’est plutôt paradisiaque!

Lors de mes balades sur l’île, j’ai pu accéder à une autre école élémentaire. Les enfants n’étaient pas présents, car ils préparaient un concours de fin d’année qui leur permettra d’accéder au niveau supérieur. J’ai pu cependant échanger avec un instituteur et le directeur de l’établissement. Si les besoins de base pour assurer une éducation digne (stylo, papier, cahier, mobilier) restent nombreux, l’équipe pédagogique m’a fait part des différentes actions dont a pu bénéficier l’école (des ordinateurs leur ont été offerts notamment l’année dernière).

L’école de Lembongan

Les deux écoles que j’ai pu visiter manquent cruellement d’équipements en dur permettant aux enfants de s’amuser. En général, il y a une grande cour centrale, entourée de bâtiments accueillant les classes et bureaux. Les enfants jouent parfois au foot, ou avec une balle de tennis. Lors de ma visite, j’ai surtout observé des jeux du type 1-2-3 soleil, et des jeux où un enfant essaye d’attraper les autres dans une zone définie. La barrière de la langue ne facilitant pas les choses, il m’a été assez difficile d’en savoir plus sur les jeux de ballons pratiqués dans les écoles.

Le système éducatif

Les horaires

Les élèves vont à l’école à partir du mois d’Août jusqu’au mois de Juin. Les périodes de vacances sont: 2 semaines de mi à fin décembre, 2 semaines à la fin du Ramadan et les vacances d’été sont en Juillet.

Du lundi au samedi, les élèves se rendent à l’école à pieds ou bien en scooter, derrière un adulte pour les plus jeunes. L’école commence généralement à 8h le matin et finit à 12h, les Indonésiens n’ont pas école l’après-midi et pas de devoirs à la maison. Ils profitent donc de leurs après-midi pour aider leurs parents au quotidien : travail dans les champs, culture du riz, mais aussi vente de souvenirs aux touristes, aide à la vente de fruits et légumes sur le marché… Il est fréquent de croiser des élèves en uniforme.

Le cursus scolaire

De la naissance jusqu’à l’âge de 5 ans, il n’y a pas d’école pour la plupart des enfants Indonésiens. De 5 ans à 7 ans, certains enfants peuvent fréquenter l’école maternelle (Taman Kanak-Kanak, TK). Les écoles comportent 2 classes et la plupart des écoles sont privées, donc réservées aux enfants des familles les plus aisées.

L’école est obligatoire et gratuite de 7 à 15 ans, soit 6 années dans le primaire (Sekolah Dasar, SD) puis 3 dans le secondaire inférieur (Sekolah Menengah Pertama, SMP – junior secondary… c’est le collège). L’enseignement en primaire s’achève par un examen national d’accès au secondaire inférieur (Ujian Akhir Nasional) consistant en des tests scolaire sur 6 matières et psychologique.

La fin du secondaire inférieur est également sanctionnée par des examens nationaux afin d’obtenir un certificat de réussite permettant d’accéder au secondaire supérieur (Sekolah Menengah Atas, SMA – senior secondary… c’est le lycée) général, technique ou professionnel (3 ans). Ce niveau fait lui-même l’objet d’un examen de fin de cycle permettant la poursuite des études vers l’enseignement supérieur universitaire. L’accès à l’université est conditionné à la réussite de tests d’entrée. En 2012, seule une personne sur 5 appartenant à la classe d’âge 19-23 ans suivait des études supérieures.

Malgré la gratuité de l’enseignement obligatoire, certains frais annexes (uniforme, transport, fournitures scolaires) restent difficilement supportables pour certaines familles. L’Indonésie a lancé un programme de bourses dans l’enseignement secondaire pour couvrir ces frais. Il semble que cette intervention ait réduit le taux de décrochage et augmenté le taux de rétention au niveau du secondaire inférieur (UNESCO, Bangkok).

Pour plus d’information sur le système scolaire indonésien, voir ici. Il est à noter qu’il y a peu de redoublement pendant la scolarité obligatoire, ceci pour des raisons similaires à celle expliquées dans l’article sur la Thaïlande.

Les sports populaires

Si le football reste populaire en Indonésie, le volley ball et le badminton semblent être les sports les plus pratiqués sur Bali. Lors de mon séjour, j’ai croisé à plusieurs reprises des terrains de volley ball dans les villages que j’ai traversé. Certains sont situés dans des cadres atypiques : en bord de mer ou en pleine jungle.

C’est ainsi que j’ai eu la chance d’assister à un entrainement de 12-15 ans afin de préparer un tournoi inter régional. L’implication est maximum et il y a quelques tensions entre joueurs afin de garder sa place dans l’équipe première… ou pour une autre raison. En effet, en discutant avec le propriétaire du terrain, il m’apprends que les joueurs, malgré leur jeune âge, parient des « petites » sommes d’argent sur le vainqueur  de la confrontation qui se déroule en fin d’entrainement.

Il n’est pas rare de tomber sur un match de badminton sur un terrain improvisé, en pleine rue voir même dans un temple (celui de Tegalalang par exemple). A Ubud, j’ai assisté à un entraînement de Sepak takraw (voir l’article sur la Thaïlande pour mieux connaître ce sport) dans un lieu multifonction : en journée, il sert de parking aux scooters des personnes allant visiter la réserve naturelle du Sanctuaire Sacré de la Forêt des Singes (Mandala Wisata Wenara Wana), le soir il se transforme en terrain de sport une fois que les enfants ont déplacé les derniers scooters. Les enfants s’entrainent en quasi autonomie (un entraineur passe furtivement distiller quelques consignes) mais avec beaucoup d’investissement et de discipline. Et puis il y a tout de même du foot, bien que les terrains ne soient pas légion.

Pour aller plus loin

Au delà du projet Ballons sans frontière, ce passage en Indonésie m’a interpellé sur une tout autre problématique, environnementale cette fois-ci. Parce que la protection de l’environnement est partie intégrante de mon travail et de mes convictions depuis plusieurs années, et que depuis un an j’apprends progressivement à connaitre le domaine marin qui m’apporte tant de bonheur, je me permets de partager quelques impressions sur cette thématique. D’autant qu’elle mobilise des écoles… ce qui du coup rejoins en partie le projet Ballons sans frontière: ouf, la boucle est bouclée!

Des paysages paradisiaques souillés par les déchets

Complètement par hasard, dès le début de mon séjour, je me suis retrouvé à assister à une réunion rassemblant les membres de l’initiative Trash Hero. L’objectif : sensibiliser les populations à la problématique des déchets. En intervenant dans les écoles et en sensibilisant le public par des actions de nettoyage de plages, cette initiative vise à faire prendre conscience aux balinais (et touristes!) des bonnes pratiques à adopter afin de préserver l’environnement exceptionnel de cette île. Le hasard faisant bien les choses, je le suis retrouvé au cœur d’une de ces initiatives à Amed.

Des chants au loin, un gros camion affichant sur son flanc une banderole jaune, et le temps de comprendre ce qu’il se passe une quinzaine de gamins vêtus d’un maillot jaune sautent de la benne du camion et se réunissent au sol autour de cinq adultes. Ceux-ci leur remettent une paire de gants et des sacs en toile de jute, et voici les gamins qui, par groupe de deux ou trois, se dispersent dans la bonne humeur le long de la plage. Le défi : ramasser le plus de déchets non organiques possible. On me propose de me joindre à l’initiative, et c’est parti pour 1h30 de franche rigolade. A la fin, les sacs sont pesés et les gagnants sont tous fiers ! Une collation est  alors offerte, le moment idéal pour me renseigner sur les liens entre cette initiative et les écoles qui se mobilisent. C’est pour moi l’occasion d’obtenir les contacts de quelques écoles de la région.

Des paysages paradisiaques souillés par les déchets

En vacances (ou pas d’ailleurs), certains semblent penser que ce n’est pas en jetant un simple (tout petit riquiqui) déchet par terre que je vais avoir un impact… et puis, « ils » avaient qu’à mettre une poubelle… et de toute façon la planète est déjà foutue!

Si la pollution n’est pas une fatalité, elle peut être très difficile à combattre. Mais ici, je vais surtout aborder le problème de la pollution visible, qui si chacun y mettait un peu du sien, pourrait se régler rapidement. Alors comment en arrive t-on à ça!!!

Sur Bali, il y a deux soucis majeurs : le tourisme qui du fait de la chaleur amène une surconsommation en bouteilles plastiques, et le manque d’infrastructures pour la gestion de l’ensemble des déchets plastiques, apparus « récemment » dans la vie de l’île. La dégradation naturelle de ces déchets néfastes à l’environnement nécessite un temps important, or tous les locaux ne l’ont pas encore assimilé. Les Balinais ne bénéficiant pas d’un système de collecte ou de recyclage des déchets, leur seule solution est de brûler les déchets sur place, de les jeter dans les cours d’eau ou de les entasser dans des décharges en pleine forêt. Les pluies abondantes renvoyant alors tout vers la mer (et ça donne ça).

Un rapide aperçu des problèmes liés au plastique (le plastique c’est fantastique…) et autres types de pollution (ici) auxquels sont confrontés les Indonésiens.

Mais ce problème est global… Quelques chiffres valant souvent mieux que de longs discours : selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP), ce sont 8 millions de tonnes de plastique qui rejoignent les océans chaque année, soit l’équivalent d’un camion de ramassage d’ordures qui déverserait son contenu à chaque minute pendant un an. Afin d’imaginer ce que représente ce volume, la ville de Paris a collecté 1 million de tonnes de déchets en 2015 (mais pas que du plastique!). Voilà voilà… et concernant l’impact sur la faune : d’ici 2050, 99% des oiseaux marins devraient avoir ingéré du plastique au cours de leur vie, 600 espèces marines seront impactées dont 15% sont actuellement considérées par l’UICN comme « en danger ».

Alors que faire contre ce fléau? Il est toujours possible d’adopter des gestes simples comme présentés ci-dessous (je recherche une affiche en français et la chargerai dès que possible), ce qui permettra notamment en plus de réduire la pollution visible, d’éviter des souffrances inutiles à la faune mais également aux Hommes. Si la situation parait préoccupante à Bali, il y a tout de même plusieurs initiatives qui se développent pour solutionner ces soucis : il est ainsi possible de remplir les bouteilles d’eau usagées dans certains lieux (restaurants, associations,…) au lieu de payer la bouteille d’eau d’1L 12000 à 15000 roupies indonésiennes (IDR) soit 0.84 à 1.05 euros, la re-remplir coûte entre 3000 et 5000 IDR soit 0.20 à 0.35 euros. Et puis d’autres projets portent déjà leurs fruits : deux enfants (à suivre sur Facebook) ont réussi à convaincre le gouverneur de Bali qui a décidé l’interdiction des sacs plastiques à partir de 2018, un jeune entrepreneur indonésien) fabrique des récipients à base de canne à sucre et d’amidon, un autre des pailles en bambou, et puis on peut aussi donner une seconde vie au plastique.

Galerie photo

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